Dans 50 ans, notre vision de l’actualité aura changé. Grâce à tous les nouveaux outils technologiques, nous ne percevrons pas la réalité comme en 2016. Le journalisme à 360 degrés permettra une plus forte implication du consommateur de l’information de demain. Les spécialistes interviewés pensent qu’en 2067, la réalité augmentée surplombera la réalité virtuelle. Enquête.
« La réalité augmentée est une nouvelle porte d’entrée dans le journalisme. Elle ne pourra pas être un substitut des médias actuels mais sera un complément de l’information« . Raphaël Beaugrand, journaliste et spécialiste de la réalité virtuelle en est convaincu, « visionner un contenu dans un masque ne pourra pas remplacer la radio, la télévision ou la presse« . Pour le journaliste, reporter à Okio studio, tous les sujets ne sont pas propices à une immersion à 360 degrés. « Je ne vois pas l’intérêt d’être dans le bureau d’un directeur avec autour de lui un tableau et des commodes« , commente-t-il. La vision globale sur le terrain dans un pays en guerre – par exemple – sert le sujet.
Avec la réalité augmentée, un utilisateur en immersion dans une zone de conflit pourrait visualiser l’emplacement d’un bâtiment avant sa destruction. Entre réalité virtuelle et réalité augmentée, la frontière est fine, parfois floue. Alors que la réalité virtuelle plonge l’utilisateur dans un monde fictif, la réalité augmentée ajoute des éléments fictifs au réel. (Cliquez ici pour savoir quelles sont les différences entre la réalité virtuelle et la réalité augmentée).
La réalité augmentée, outil du journaliste de demain
Chercheurs, journalistes et philosophes. Tous sont d’accord : la réalité augmentée est un outil mieux adapté à l’univers journalistique. Une étude de Perkins Coie et Upload, publiée en septembre dernier, démontre d’ailleurs que 66% des experts pensent que le marché de la réalité augmentée surpassera celui de la réalité virtuelle.
Un avis partagé par Tim Cook, le patron d’Apple. Dans une récente interview accordée à Buzfeed News, il estime que la réalité augmentée – par l’ajout d’images fictives – n’est pas une barrière à la réalité, contrairement à la réalité virtuelle. « Chez Apple, on est à fond dans la réalité augmentée« , a-t-il déclaré. Selon lui, cet outil permet d’apporter une valeur ajoutée au quotidien. Les expériences humaines en seront amplifiées. « Ca peut être énorme« , a-t-il rajouté. L’entreprise californienne mise énormément sur cet outil technologique, et ce, sur le long terme. « La réalité augmentée va prendre du temps pour être au point mais je pense que ça en vaut la peine« . Avec la réalité augmentée, l’utilisateur reste dans le monde réel, alors qu’avec la réalité virtuelle il est immergé dans un monde synthétisé en trois dimensions.
Pour d’autres, comme le philosophe Olivier Nannipieri, la réalité virtuelle dessert le journaliste.
Un avis qui n’est cependant pas partagé par Nonny de la Peña, de l’université de Columbia, auteure de « Project of Syria », un documentaire qui mélange subtilement images réelles et virtuelles. La journaliste pose cette question : « Est-ce que vous vous sentiriez plus impliqués dans la guerre en Syrie si vous pouviez vivre en immersion le moment où une bombe explose dans une rue d’Alep ? » et sa réponse est un grand oui. Dans son reportage, on s’y croirait presque. Depuis l’intérieur d’un casque de réalité virtuelle, on suit les mouvements des yeux. Du son, le chant d’un enfant, le brouhaha de la rue puis l’explosion. Tous ces sons sont réels, enregistrés sur place. Mais ce que l’on voit est un mélange de vidéo et de réalité virtuelle, construite à partir de matériaux documentaires recueillis sur place, photos et vidéos.
En 2067, un citoyen plus actif face à l’information
Ultra-connecté, le citoyen de demain sera « un gros consommateur de médias ; aussi bien de divertissement que d’information« , souligne Charles Juster, directeur des Grands Comptes de Médiamétrie. Grâce aux nouvelles technologies, et notamment à la réalité augmentée, le téléspectateur sera plus impliqué dans son rapport à l’actualité. « La réalité augmentée est un outil bien plus immersif que le journalisme actuel« , commente-t-il.
La révolution, déjà en marche
Selon Charles Juster, le citoyen est déjà acteur de l’information, mais le sera bien plus. Lorsqu’il commente une vidéo, par exemple sur les réseaux sociaux, l’internaute prend part à l’actualité activement. La réalité virtuelle et augmentée permettront ainsi aux lecteurs de participer aux reportages. « Le journaliste reste maître de son reportage. C’est lui qui choisit ce qu’il veut montrer« , nuance néanmoins Raphael Beaugrand. L’implication du consommateur de demain sera plus forte. Et de nouvelles consciences du monde émergeront.
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